Médecine Régénérative basée sur cellules de souches

 

Un traitement à base de cellules souches afin de lutter contre le vieillissement ?

D’après deux récentes études, parues dans The Journals of Gerontology et réalisées par une équipe de chercheurs de l’Interdisciplinary Stem Cell Institute de l’Université de Miami aux États-Unis, un nouveau traitement à base de cellules souches de la moelle osseuse aurait des effets extrêmement positifs lorsqu’il s’agit de combattre le vieillissement.

Deux études différentes pour prouver l’efficacité du traitement à base de cellules souches sur le vieillissement sans provoquer d’effets secondaires

Le but de cette étude était de procéder à une injection simple en intraveineuse de cellules souches de la moelle osseuse, les cellules souches mésenchymateuses (CSM), car ce sont les cellules qui sont responsables de la réparation des tissus squelettiques et leur dégradation liée à l’âge pourrait être la cause de fragilités dues au vieillissement,  en les prélevant sur des personnes entre 20 et 45 ans pour les injecter chez des patients âgés (en moyenne 76 ans), afin d’observer les effets sur la fragilité liée à l’âge et si cette injection avait un quelconque effet sur la santé des patients [1].

Lors de la première étude, 15 patients fragilisés par l’âge ont donc reçu une injection de CSM [2]. Leur état de santé a été contrôlé 6 mois après cette injection, et on a pu constater une amélioration du système immunitaire des patients. Ceux-ci présentaient une augmentation du facteur de nécrose tumorale, qui lui-même contribue à éliminer des agents pathogènes ou infectieux présents dans notre corps, ainsi que de leur qualité de vie et de leur condition physique – sans pour autant observer d’effets négatifs sur leur santé, ce qui prouve que ce traitement est non seulement efficace sur les causes de la fragilité liée à l’âge, mais qu’il est également bien toléré par l’organisme des patients âgés.

La seconde étude, elle, consistait en une étude en double aveugle : cela consiste à administrer simultanément le traitement à tester à groupe de patients, et un placebo à un autre groupe, sans que ni le patient ni le soignant ne sache quel est le traitement pris, avant de comparer les résultats entre les deux groupes [2]. Cela permet de mesurer l’efficacité du traitement en réduisant au maximum les incertitudes extérieures pouvant fausser les résultats (influence psychologique, environnementale, sociale…). Dans cette étude donc, 30 patients atteints de fragilité liée à l’âge ont subi ce test. Six mois plus tard, les résultats ont été mesurés. Les résultats étaient pratiquement les mêmes que pour la première étude : les chercheurs n’ont constaté chez le groupe ayant reçu le traitement aucune mauvaise influence sur la santé, des améliorations des conditions de vie et du système immunitaire. À l’inverse, aucune amélioration notable n’a été relevée parmi le groupe ayant reçu le placebo, ce qui tend à suggérer que ce traitement est bel et bien efficace, sans pour autant présenter de risques pour la santé des patients âgés.

En conclusion, même si cette étude n’a été réalisée que sur un petit nombre de patients, elle suscite de nombreux espoirs chez les chercheurs et nécessite maintenant d’être testée sur un bien plus grand nombre de patients choisis aléatoirement et venant de différents endroits, afin de prouver définitivement son efficacité, même si ces études constituent en elles-mêmes déjà une grande avancée dans la lutte contre le vieillissement.

Arthur Michaud

Author

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Arthur studies biotechnological engineering at Sup’Biotech.

More about the Long Long Life team

Arthur étudie l’ingénierie des biotechnologies à Sup’Biotech.

En savoir plus sur l’équipe de Long Long Life

[1] Futurism.com, a New Stem Cell Treatment Had « Striking » Anti-Aging Results, 2017

[2] Samuel Golpanian, Darcy L Difede, Aisha Khan,… Joshua M Hare, Allogenic Human Mesenchymal Stem Cell Influence for Aging frailty, The Journals of Gerontology, Volume 72 Issue 11, November 2017

[3] Bryon A Tompkins, Darcy L Difede, Aisha Khan,… Joshua M Hare, Allogenic Mesenchymal Stem Cells Ameliorate Aging Frailty : A Phase II Randomized, Double-Blind, Placebo-Controlled Clinical Trial, The Journals of Gerontology, Volume 72 Issue 11, November 2017

Rôle central des cellules souches et des télomères au cours du vieillissement

Épuisement des cellules souches au cours du vieillissement

Avec l’âge, on observe une diminution du nombre de cellules souches de l’organisme ainsi qu’un mauvais renouvellement des cellules somatiques, ce qui est à l’origine de la dégradation des organes au cours du vieillissement [1].

En biologie cellulaire, une cellule souche est une cellule indifférenciée capable, à la fois de générer des cellules spécialisées par différenciation cellulaire et de se maintenir dans l’organisme par prolifération (ou division asymétrique). Les cellules souches sont présentes chez tous les êtres vivants multicellulaires. Elles jouent un rôle central dans le développement des organismes ainsi que dans le maintien de leur intégrité au cours de la vie.

L’épuisement du stock de cellules souches fait partie des risques impliqués dans les processus de vieillissement [1]. Elles ont la capacité de continuer leurs cycles de division cellulaire, au-delà de la limite d’Hayflick (Voir : Télomère, au cœur des processus de vieillissement). Ce phénomène est en parti dû à la présence de la télomérase, enzyme chargée de synthétiser les télomères, qui est fortement exprimée au sein d’une cellule souche normale [1].

Altérations de la télomérase dans les cellules souches assimilés aux signes du vieillissement

La télomérase est exprimée à un niveau très élevé durant le développement embryonnaire, puis son expression est diminuée quelques semaines après la naissance dans la majorité des tissus adultes, à l’exception de certains types cellulaires : les cellules souches ainsi que les cellules ayant un renouvellement rapide, comme les cellules lymphocytaires ou les kératinocytes de la peau [1]. Le fait que l’activité de la télomérase soit surtout réservée aux cellules souches suggère que son niveau d’expression dans ces cellules pourrait être déterminant pour la préservation de l’organisme.

Au cours des dernières années, le rôle spécifique de la télomérase dans les cellules souches a commencé à être élucidé, en particulier chez les cellules souches hématopoïétiques (CSH) [2][3], les cellules souches épidermiques (CSE) [4] et les cellules souches neuronales (CSN) [5]. Par exemple, il a été observé que chez les hommes et les souris, les CSH perdent de l’ADN télomérique avec l’âge. Ce raccourcissement progressif des télomères semble agir comme une barrière au développement des CSH, limitant alors la régénération des cellules hématopoïétiques et le renouvellement de toutes les lignées des cellules sanguines [2].

Concernant les CSE, le rôle de la longueur des télomères et de l’activité télomérase a été établie à partir de modèles de souris TERC-/-, ne disposant plus du gène codant pour la télomérase. Chez ces souris, le raccourcissement des télomères est associé à une diminution des fonctionnalités des CSE et une inhibition de la mobilisation des CSE (prolifération et migration) en dehors des niches de follicules pileux [4]. Chez ces souris ayant des télomères d’une taille critique, on retrouve des problèmes de régénération de la peau et des cheveux, signes du dysfonctionnement de ces CSE. En dehors des cellules épidermiques, il a été observé chez ces souris TERC -/- que d’autres tissus possédant un taux de renouvellement cellulaire élevé, comme les cellules de la moelle osseuse, de l’intestin et des testicules, présentent des atrophies associées à des télomères très courts [1]. Toutes ces observations confirment le fait que les télomères et la télomérase entrent en jeu dans les mécanismes de préservation des cellules souches et de la santé des tissus dans l’ensemble de l’organisme.

Modification de l’environnement des cellules souches par raccourcissement des télomères

Si le raccourcissement des télomères avec l’âge est un facteur altérant le bon fonctionnement des cellules souches, il semblerait que ce processus ait également un impact sur leur environnement cellulaire, ce qui pourrait accentuer la détérioration des cellules souches au cours du vieillissement [1]. En effet, il a récemment été démontré que de courts télomères pourrait avoir des effets négatifs sur le microenvironnement des cellules souches [6]. Toujours chez des souris ne disposant plus du gène TERC, il a été observé des perturbations dans le fonctionnement des CSH suite à un raccourcissement accéléré des télomères. Cela a pour conséquence d’affecter directement la fabrication des lymphocytes B, responsables de la synthèse d’anticorps, mais aussi d’augmenter la prolifération myéloïde, provoquant un cancer du sang caractérisé par une prolifération incontrôlée des globules blancs. De plus, les différentes modifications de l’environnement cellulaire ont également eu pour conséquence de limiter la capacité d’un tissu à accepter une greffe de cellules souches de la moelle osseuse [6]. Un lien de cause à effet a été démontrée entre ces altérations du microenvironnement des cellules souches et l’âge et ont été corrélées au raccourcissement progressif des télomères des cellules souches.

Mitotic_MDCKs-aging

Ainsi, en plus de déterminer l’entrée en sénescence d’une cellule somatique, le télomère et la télomérase sont impliqués dans les processus de préservation des cellules souches, cellules indispensables pour le maintien de l’organisme. Si l’activité de la télomérase semble se dégrader avec l’âge, ses altérations semblent accélérer les mécanismes du vieillissement en entraînant la dégradation des cellules souches. Ces dernières semblent être de bonnes cibles thérapeutiques, basés sur la régulation de la télomérase et le maintien des télomères, dans le cadres de la lutte contre le vieillissement.

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